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mardi 25 juin 2013

Ménard saute sur Béziers, la gauche de la gauche perd les pédales !

Dans l'article auquel nous renvoyons ci-dessous, Le Monde met bien en évidence ce qui se dessine sur Béziers pour les prochaines municipales avec le parachutage de Robert Ménard , l'ex responsable de Reporters sans Frontières. Disons-le, cet homme est dangereux : pour la démocratie, certes, car, adoubé par le Front National, il sème dans son sillage tout ce que ce parti trimballe comme idées d'exclusion, comme stigmatisations des immigrés, comme idéologie de la préférence nationale. Mais Robert Ménard est surtout dangereux car il profite des choix politiques que fait la gauche de gouvernement, choix qui reprennent en les aggravant les politiques antipopulaires de ses prédecesseurs de droite.  

De rapport Gallois en ANI, de reconduction de la LRU sarkozyenne en chasse aux Roms et aux sans-papiers à la mode Hortefeux-Guéant, pour ne citer que ces méfaits politiques, les Hollande, Ayrault, Valls, avec le soutien de fait des autres ministres, y compris donc "l'héroïque et pugnace" Christiane Taubira, et les alliés EELV, c'est toute une mécanique ciblant les couches salariées, les plus pauvres, les femmes, les jeunes, les sans-travail et autres sans-papiers qui est à l'oeuvre. La fleur du Mariage pour tous, cependant chaotiquement choyée avec grand profit de mobilisation pour la droite, ne saurait cacher l'arbre des agressions déclenchées sur le terrain proprement social par l'équipe au pouvoir que la prochaine contre-réforme des retraites se promet de parachever dans la droite (!) continuité des réalisations de la droite.

Marine Le Pen et Robert Ménard se préparent à cueillir le fruit mûr du discrédit qui, après avoir déstabilisé de plein fouet la bande à Sarkozy, atteint, en un temps record, le Parti Socialiste. A cet égard la récente législative de Villeneuve-sur-Lot est un avertissement sans encore trop de frais : le Front National progresse quand le PS s'écroule et que l'UMP perd fortement des voix. Ce serait de l'aveuglement de dénier à cet évènement local toute portée nationale car il n'est que l'ultime avatar exacerbé d'un processus qui voit le PS perdre sa huitième élection partielle consécutive depuis l'élection présidentielle. Acharné à poursuivre une "politique sociale antisociale", comme l'a confirmé la dernière entrevue télévisée sur M6 de François Hollande, réalisée pourtant dans la foulée des résultats catastrophiques du premier tour de la législative de Villeneuve-sur-Lot, le gouvernement déblaie le terrain pour les Le Pen, Ménard, Aliot, etc. Après l'affaire DSK, l'affaire Cahuzac accrédite le discours frontiste contempteur de l'UMPS qui n'a aucune peine à dévoyer ce qui est, hélas, l'évidence désastreuse : PS ou UMP, c'est la loi du capital, celle qui veut faire payer à la population, sur fond d'affaires, Cahuzac donc mais aussi Tapie, Lagarde, Guéant, la crise des banques et des entreprises, qui s'applique sans solution de continuité. Le bluff, qui masque que le Front National a pour fonction essentielle de casser l'unité du monde du travail entre français et immigrés répondant ainsi aux nécessités d'un capital jamais nommé par lui comme premier bénéficiaire des politiques menées par Hollande-Ayrault, joue malheureusement à plein : on ne soulignera, à ce propos, jamais assez combien l'islamophobie croissante que certains, à gauche même, encouragent supposément au nom des droits des femmes et de la laïcité, alimentent et crédibilisent l'offensive de l'extrême droite tout en aggravant les divisions dans le camp populaire. Si l'on ajoute que l'objectif de Marine Le Pen est de favoriser une recomposition politique en créant un axe UMP (ou certaines de ses fractions)-FN, on comprend que l'esbroufe antiUMPS de ce dernier vise en fait à mettre en place une solution politique idéale pour le patronat : une arme de destruction massive de tout ce qui ressemble de près ou de loin à des droits sociaux encore épargnés par le détricotage bovin opéré par le PS ! Le Code du travail en particulier s'en trouverait haché menu et, "français-immigrés", c'est tous ensemble, tous ensemble, que nous pâtirions dramatiquement de cette opération si jamais elle venait à se concrétiser.

La responsabilité est donc grande du côté de ceux qui, à gauche du PS, rejettent le désastre de la gestion social-libérale des intérêts patronaux. Mais malheureusement il faut se rendre à l'évidence : là aussi, par-delà la grandiloquence des déclarations condamnant l'austérité des "solfériniens" (le PS), le Front de Gauche balbutie une pseudo-riposte ; comment espérer, dans la chronique du désastre politique annoncé qu'est la politique gouvernementale, qu'une proposition comme celle de Jean-Luc Mélenchon d'être le premier ministre de Hollande, en substitution de Jean-Marc Ayrault, ou encore simple ministre d'un Montebourg-le lâcheur de Florange promu chef de gouvernement, avec l'appui des députés PS-EELV, comment espérer ainsi poser la perspective d'une alternative claire à ce que l'on dit combattre ? Comment accepter avec le PCF, après l'implacable et systématique succession de mesures antisociales de ce gouvernement depuis son investiture, que la tâche de l'heure soit de redresser celui-ci, de recréer une unité antiaustérité avec un PS abonné, sans dévier, à ladite austérité que réclament le Medef et l'Union Européenne ? Marine Le Pen et Robert Ménard tirent avantage aussi de cette catastrophique inconséquence de ceux qui, autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, se plaisaient à prendre la Bastille en mai-juin 2012 et en sont aujourd'hui à prétendre - d'ailleurs pitoyablement en vain - qu'il faut toquer à la porte de Matignon pour changer les choses...radicalement ! Stérilisant grandement, d'avance, des initiatives de mobilisation comme le 5 mai ! Rien de bon ne peut sortir d'une démarche d'alternative qui met les pieds dans les sables mouvants de combinaisons inévitablement perçues comme relevant de la pire politique politicienne.

Aussi quand, pour reprendre le cas de Béziers, une ville parmi les plus dévastées par les choix économiques et politiques dominants, nous lisons que le candidat du Front de Gauche pour la municipale de l'an prochain, le pourtant autoproclamé radicalement antilibéral-anticapitaliste-communiste Aimé Couquet, envisage d'emblée de se rallier à la liste du PS au second tour (1), après avoir mené une campagne de premier tour intraitable avec la politique gouvernementale dudit PS, on se dit que, même à la gauche du PS, il y en a qui perdent le sens des réalités politiques, mais aussi sociales, élémentaires ! Qui plus est quand l'on se rappelle qu'à la législative biterroise de décembre dernier  le PS avait subi une claque monumentale en perdant 4700 voix et son siège acquis dans la foulée de l'élection présidentielle, attestant ainsi, dans cette ville, une sanction infligée avant tout au gouvernement sur fond d'abstention record (jusqu'à 79 % dans un quartier populaire). Mais c'est le résultat du candidat du Front de Gauche, la perte de la moitié de ses voix acquises à l'élection de juin 2012, qui devrait aujourd'hui amener celui-ci à méditer que décidément "perseverare diabolicum est" ! D'autant que cette bérezina électorale de premier tour s'était complétée, chez lui, d'un appel à se désister pour la "camarade" candidate proHollande-Ayrault qui emporta le Front de Gauche en partenaire de sa défaite pour le grand bonheur d'un candidat de la droite musclée ! 

Le choix d'une union de la gauche, de deuxième tour, par fusion de liste ou même par soutien sans fusion, à Béziers, lors de la prochaine élection municipale, déploierait l'image que la gauche qui se dit à gauche du PS est bel est bien au coeur des manoeuvres où l'opposition d'alternative de la veille se dilue, le lendemain, dans l'alternance politicienne de toujours ! Ce n'est pas ainsi que l'on parviendra à fixer un vote populaire se dégageant de l'abstention désabusée ou rompant avec le FHaine ! Tout comme le "front républicain" avec la droite UMP  à Villeneuve-sur-Lot discrédite les socialistes, le ralliement annoncé du Front de Gauche au PS au second tour à Béziers, décrédibilise "la gauche de gauche" : il "plomberait" par rebond, s'il se confirmait, la radicalité antiaustéritaire affichée au premier tour, et renforcerait les chances de l'extrême droite (ou de la droite) de l'emporter. Et cela par défaut d'une campagne d'indépendance anticapitaliste-antilibérale ancrée fidèlement sur le programme qu'elle défend et dont la seule option acceptable au second tour est un appel à battre l'extrême droite sans le moindre soutien - dont l'effet serait immédiatement rédhibitoire - au candidat socialiste ! Sans non plus une totalement invalidante fusion de listes, qu'elle soit au demeurant technique ou politique, avec lui !

Tant à Béziers qu'à l'échelle nationale, il n'y a pas, selon le NPA, d'autre voie à explorer pour faire barrage à des Ménard, à leurs clones et autres suppôts frontistes, que faire barrage, dans la rue comme dans les urnes, ... au gouvernement, à sa politique qui créé le terreau où prospèrent ceux-ci, pour, faisant ainsi d'une pierre trois coups, barrer la route à la revitalisation d'une UMP fortement tentée par un retour miraculeux...de Sarkozy ! La gauche à la gauche du PS doit travailler à une unité d'opposition de gauche au gouvernement et à la droite qui, portant un programme clair de rupture avec l'ordre capitaliste et refusant toute combinaison, nécessairement perçue comme politicienne, d'unité de premier ou de second tour d'élection avec un  PS supposé redressable, envoie le signal qu'il y a bien une alternative aux reniements socialistes. Qu'il y a bien une alternative à la pseudo-alternative qu'incarnerait Marine Le Pen ! C'est à ce prix que l'on pourrait travailler à renvoyer un minable Ménard dans les poubelles de l'histoire des opportunistes grande gueule acoquinés avec l'extrême droite à front bas... 

(1) "En partant séparément au 1er tour avec, d'un côté, le Front de Gauche, et, de l'autre, le PS, comme nous l'avions fait en 1989 avec le PCF à l'époque, nous nous réunirons au second tour et nous avons plus de chance d'emporter la victoire" (L'Hérault du jour du 12 juin 2013). Aimé Couquet peut bien remonter à 1989, il pourrait en rester plus lucidement à l'échec total que valut une telle "réunion" de forces en décembre dernier !

Antoine 

Photo en tête d'article : Robert Ménard et Louis Aliot, conseiller régional de Languedoc-Roussillon et vice-président du Front national

Robert Ménard, porte-flambeau de la dédiabolisation du FN  
LE MONDE | 21.06.2013 Par
Béziers (Hérault), envoyé spécial 

Robert Ménard en campagne auprès des commerçants, à Béziers (Hérault), le 20 juin. | Alexandra Frankewitz/Transit pour "Le Monde"

"Béziers n'est pas une ville d'excités ! C'est la cité de Jean Moulin", assure l'inamovible maire UMP de Béziers, Raymond Couderc, pour commenter la candidature du polémiste Robert Ménard dans sa ville. Manière de ramener l'intrus à un simple feu de paille, voué à s'éteindre une fois passé l'emballement médiatique.

Le maire de Béziers, élu depuis dix-huit ans, sera-t-il pourtant le grand brûlé de cette histoire ? L'arrivée de l'ancien patron de Reporters sans frontières (RSF), qui a troqué sa vieille casaque de défenseur des droits de l'homme contre celle de candidat soutenu par le Front national, rebat les cartes. En ce début de campagne, ici, nul ne se hasarde à un pronostic trop hardi.