Dans l'article auquel nous renvoyons ci-dessous, Le Monde met bien en évidence ce qui se
dessine sur Béziers pour les prochaines municipales avec le parachutage
de Robert Ménard , l'ex responsable de Reporters sans Frontières.
Disons-le, cet homme est dangereux : pour la démocratie, certes, car,
adoubé par le Front National, il sème dans son sillage tout ce que ce
parti trimballe comme idées
d'exclusion, comme stigmatisations des immigrés, comme idéologie de la
préférence nationale. Mais Robert Ménard est surtout dangereux car il
profite des choix politiques que fait la gauche de gouvernement, choix
qui reprennent en les aggravant les politiques antipopulaires de ses
prédecesseurs de droite.
Marine
Le Pen et Robert Ménard se préparent à cueillir le fruit mûr du
discrédit qui, après avoir déstabilisé de plein fouet la bande à Sarkozy, atteint, en un temps record, le Parti Socialiste. A cet égard la récente législative de Villeneuve-sur-Lot est un avertissement sans
encore trop de frais : le Front National progresse quand le PS
s'écroule et que l'UMP perd fortement des voix. Ce serait de
l'aveuglement de dénier à cet évènement local toute portée nationale car
il n'est que l'ultime avatar exacerbé d'un processus qui voit le PS
perdre sa huitième élection partielle consécutive depuis l'élection
présidentielle. Acharné à poursuivre une "politique sociale
antisociale", comme l'a confirmé la dernière entrevue télévisée sur M6
de François Hollande, réalisée pourtant dans la foulée des résultats
catastrophiques du premier tour de la législative de Villeneuve-sur-Lot, le gouvernement déblaie le terrain pour
les Le Pen, Ménard, Aliot, etc. Après l'affaire DSK, l'affaire Cahuzac
accrédite le discours frontiste contempteur de l'UMPS qui n'a aucune
peine à dévoyer ce qui est, hélas, l'évidence désastreuse : PS ou UMP,
c'est la loi du capital, celle qui veut faire payer à la population, sur fond d'affaires, Cahuzac donc mais aussi Tapie, Lagarde, Guéant,
la crise des banques et des entreprises, qui s'applique sans solution
de continuité. Le bluff, qui masque que le Front National a pour
fonction essentielle de casser l'unité du monde du travail entre
français et immigrés répondant ainsi aux nécessités d'un capital jamais
nommé par lui comme premier bénéficiaire des politiques menées par
Hollande-Ayrault, joue malheureusement à plein : on ne soulignera, à ce
propos, jamais assez combien l'islamophobie croissante que certains, à
gauche même, encouragent supposément au nom des droits des femmes et de
la laïcité, alimentent et crédibilisent l'offensive de l'extrême droite
tout en aggravant les divisions dans le camp populaire. Si l'on ajoute
que l'objectif de Marine Le Pen est de favoriser une recomposition
politique en créant un axe UMP (ou certaines de ses fractions)-FN, on
comprend que l'esbroufe antiUMPS de ce dernier vise en fait à mettre en
place une solution politique idéale pour le patronat : une arme de
destruction massive de tout ce qui ressemble de près ou de loin à des
droits sociaux encore épargnés par le détricotage bovin opéré par le PS !
Le Code du travail en particulier s'en trouverait haché menu et,
"français-immigrés", c'est tous ensemble, tous ensemble, que nous
pâtirions dramatiquement de cette opération si jamais elle venait à se
concrétiser.
La
responsabilité est donc grande du côté de ceux qui, à gauche du PS,
rejettent le désastre de la gestion social-libérale des intérêts
patronaux. Mais malheureusement il faut se rendre à l'évidence : là
aussi, par-delà la grandiloquence des déclarations condamnant
l'austérité des "solfériniens" (le PS), le Front de Gauche balbutie une
pseudo-riposte ; comment espérer, dans la chronique du désastre
politique annoncé qu'est la politique gouvernementale, qu'une
proposition comme celle de Jean-Luc Mélenchon d'être le premier ministre de Hollande,
en substitution de Jean-Marc Ayrault, ou encore simple ministre d'un
Montebourg-le lâcheur de Florange promu chef de gouvernement, avec
l'appui des députés PS-EELV, comment espérer ainsi poser la perspective
d'une alternative claire à ce que l'on dit combattre ? Comment accepter
avec le PCF, après l'implacable et systématique succession de mesures
antisociales de ce gouvernement depuis son investiture, que la tâche de
l'heure soit de redresser celui-ci, de recréer une unité antiaustérité
avec un PS abonné, sans dévier, à ladite austérité que réclament le
Medef et l'Union Européenne ? Marine Le Pen et Robert Ménard tirent
avantage aussi de cette catastrophique inconséquence de ceux qui, autour
de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, se plaisaient à prendre la
Bastille en mai-juin 2012 et en sont aujourd'hui à prétendre -
d'ailleurs pitoyablement en vain - qu'il faut toquer à la porte de
Matignon pour changer les choses...radicalement ! Stérilisant
grandement, d'avance, des initiatives de mobilisation comme le 5 mai !
Rien de bon ne peut sortir d'une démarche d'alternative qui met les
pieds dans les sables mouvants de combinaisons inévitablement perçues
comme relevant de la pire politique politicienne.
Aussi quand, pour reprendre le cas de Béziers, une ville parmi les plus dévastées par les choix économiques
et politiques dominants, nous lisons que le candidat du Front de Gauche
pour la municipale de l'an prochain, le pourtant autoproclamé
radicalement antilibéral-anticapitaliste-communiste Aimé Couquet,
envisage d'emblée de se rallier à la liste du PS au second tour (1),
après avoir mené une campagne de premier tour intraitable avec la
politique gouvernementale dudit PS, on se dit que, même à la gauche du
PS, il y en a qui perdent le sens des réalités politiques, mais aussi
sociales, élémentaires ! Qui plus est quand l'on se rappelle qu'à la législative biterroise de décembre dernier
le PS avait subi une claque monumentale en perdant 4700 voix et son
siège acquis dans la foulée de l'élection présidentielle, attestant
ainsi, dans cette ville, une sanction infligée avant tout au
gouvernement sur fond d'abstention record (jusqu'à 79 % dans un quartier
populaire). Mais c'est le résultat du candidat du Front de Gauche, la
perte de la moitié de ses voix acquises à l'élection de juin 2012, qui
devrait aujourd'hui amener celui-ci à méditer que décidément "perseverare diabolicum est"
! D'autant que cette bérezina électorale de premier tour s'était
complétée, chez lui, d'un appel à se désister pour la "camarade"
candidate proHollande-Ayrault qui emporta le Front de Gauche en
partenaire de sa défaite pour le grand bonheur d'un candidat de la
droite musclée !
Le
choix d'une union de la gauche, de deuxième tour, par fusion de liste
ou même par soutien sans fusion, à Béziers, lors de la prochaine
élection municipale, déploierait l'image que la gauche qui se dit à
gauche du PS est bel est bien au coeur des manoeuvres où l'opposition
d'alternative de la veille se dilue, le lendemain, dans l'alternance
politicienne de toujours ! Ce n'est pas ainsi que l'on parviendra à
fixer un vote populaire se dégageant de l'abstention désabusée ou
rompant avec le FHaine ! Tout comme le "front républicain" avec la
droite UMP à Villeneuve-sur-Lot discrédite les socialistes, le
ralliement annoncé du Front de Gauche au PS au second tour à Béziers,
décrédibilise "la gauche de gauche" : il "plomberait" par rebond, s'il
se confirmait, la radicalité antiaustéritaire affichée au premier tour,
et renforcerait les chances de l'extrême droite (ou de la droite) de
l'emporter. Et cela par défaut d'une campagne d'indépendance
anticapitaliste-antilibérale ancrée fidèlement sur le programme qu'elle
défend et dont la seule option acceptable au second tour est un appel à
battre l'extrême droite sans le moindre soutien - dont l'effet serait
immédiatement rédhibitoire - au candidat socialiste ! Sans non plus une
totalement invalidante fusion de listes, qu'elle soit au demeurant
technique ou politique, avec lui !
Tant
à Béziers qu'à l'échelle nationale, il n'y a pas, selon le NPA, d'autre
voie à explorer pour faire barrage à des Ménard, à leurs clones et
autres suppôts frontistes, que faire barrage, dans la rue comme dans les
urnes, ... au gouvernement, à sa politique qui créé le terreau où
prospèrent ceux-ci, pour, faisant ainsi d'une pierre trois coups, barrer
la route à la revitalisation d'une UMP fortement tentée par un retour
miraculeux...de Sarkozy ! La gauche à la gauche du PS doit travailler à
une unité d'opposition de gauche au gouvernement et à la droite qui,
portant un programme clair de rupture avec l'ordre capitaliste et
refusant toute combinaison, nécessairement perçue comme politicienne,
d'unité de premier ou de second tour d'élection avec un PS supposé
redressable, envoie le signal qu'il y a bien une alternative aux
reniements socialistes. Qu'il y a bien une alternative à la
pseudo-alternative qu'incarnerait Marine Le Pen ! C'est à ce prix que
l'on pourrait travailler à renvoyer un minable Ménard dans les poubelles
de l'histoire des opportunistes grande gueule acoquinés avec l'extrême
droite à front bas...
(1)
"En partant séparément au 1er tour avec, d'un côté, le Front de Gauche,
et, de l'autre, le PS, comme nous l'avions fait en 1989 avec le PCF à
l'époque, nous nous réunirons au second tour et nous avons plus de
chance d'emporter la victoire" (L'Hérault du jour du 12 juin 2013). Aimé
Couquet peut bien remonter à 1989, il pourrait en rester plus
lucidement à l'échec total que valut une telle "réunion" de forces en
décembre dernier !
Antoine
Photo en tête d'article : Robert Ménard et Louis Aliot, conseiller régional de Languedoc-Roussillon et vice-président du Front national
Robert Ménard, porte-flambeau de la dédiabolisation du FN
LE MONDE | 21.06.2013 Par Pierre Jaxel-Truer
Béziers (Hérault), envoyé spécial
Robert Ménard en campagne auprès des commerçants, à Béziers (Hérault), le 20 juin. | Alexandra Frankewitz/Transit pour "Le Monde"
Robert Ménard en campagne auprès des commerçants, à Béziers (Hérault), le 20 juin. | Alexandra Frankewitz/Transit pour "Le Monde"
"Béziers n'est pas une ville d'excités ! C'est la cité de Jean Moulin",
assure l'inamovible maire UMP de Béziers, Raymond Couderc, pour
commenter la candidature du polémiste Robert Ménard dans sa ville.
Manière de ramener l'intrus à un simple feu de paille, voué à s'éteindre
une fois passé l'emballement médiatique.
Le
maire de Béziers, élu depuis dix-huit ans,
sera-t-il pourtant le grand brûlé de cette histoire ? L'arrivée de
l'ancien patron de Reporters sans frontières (RSF), qui a troqué sa
vieille casaque de défenseur des droits de l'homme contre celle de
candidat soutenu par le Front national, rebat les cartes. En ce début de
campagne, ici, nul ne se hasarde à un pronostic trop hardi.
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