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jeudi 26 février 2015

Dumas/Valls : l'antisémitisme et son instrumentalisation politicienne et communautariste pro-Israël !


Roland Dumas ne fait que répéter les dires de Valls !

  
Aiguillonné par Jean-Jacques Bourdin, l'ancien président du Conseil constitutionnel a estimé que la femme de Manuel Valls expliquait son engagement en faveur d'Israël. […]

Bourdin veut en savoir plus. «Ce n’est pas ma tasse de thé», admet Roland Dumas. Et d’expliquer : «Sous le prétexte que je défendais les Arabes contre Israël, il m’a agressé, alors que je le connais à peine.» C’est à ce moment que l’ancien ministre se lance tout seul dans un rapprochement étrange : «Mais il a des alliances personnelles qui font que. Chacun sait qu’il est marié avec quelqu’un, quelqu’un de très bien d’ailleurs, qui a une influence sur lui.» Cliquer ici

Point de vue

Reprenons. Roland Dumas a donc déclaré que Manuel Valls « a des alliances personnelles qui font que. Chacun sait qu’il est marié avec quelqu’un, quelqu’un de très bien d’ailleurs, qui a une influence sur lui.»

A partir de cette déclaration, Libération, pour ne prendre que cet exemple parmi le déchaînement médiatique du jour, en fait des tonnes, c'est-à-dire un papier grossièrement à charge : il porte la signature de l'équipe éditoriale qui n'hésite pas à crucifier l'impudent par l'acérée interrogation "Antisémite et/ou sénile ?". Et voilà comment on nous ressert le coup de la diabolisation de ceux qui ne s'alignent pas sur le CRIF et son appel aux Juifs de faire corps avec le terrorisme d'Israël. Car il s'agit bien de cela : disons tout de suite que nous n'avons aucune, mais alors aucune, sympathie pour un homme qui a fait dans le servilisme pro-mitterrandien et qui se compromet avec des dictateurs africains. Mais nous ne pouvons pas laisser passer, en prenant prétexte de ces positionnements politiques en faveur des pouvoirs en place et donc de leurs politiques antipopulaires, que l'on nous reconduise les amalgames ou mises en cause biaisées, chers aux massacreurs des Palestiniens et à ceux qui les couvrent, qui font habituellement de tout antisioniste un antisémite. Et qui ici ciblent un Roland Dumas jouant certes scandaleusement avec le feu de l'antisémitisme mais, et ce n'est pas rien, en reprenant, sans s'en souvenir, des propos de Valls lui-même. Ce que Libération ne dit pas !

En effet voici ces paroles que rapporte Alain Gresh, en mai 2012, dans le Monde Diplomatique :  

« Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël » (vidéo). Imaginons un responsable français ayant épousé une femme d’origine algérienne ou marocaine et disant « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté musulmane et à l’Algérie (ou au Maroc). »

Alain Gresh précise, par ailleurs, ceci, en novembre de la même année : "la vidéo de Valls a été retirée à la demande de Radio Judaïca de Strasbourg pour atteinte aux droits d’auteur (sic !). Mais la censure est difficile sur Internet et on peut la trouver à d’autres adresses." Cliquer ici

En fait il est devenu plus que difficile d'avoir accès à cette vidéo mais pas encore impossible : voir la vidéo dans cet article et visionner à partir de 4:00.

Rue 89 a écrivait, de son côté, il y a presque un an (extrait) :

Il est « lié de manière éternelle à Israël »

Dès que la rumeur de la nomination de Valls à Matignon a circulé, une vidéo a refait surface sur les réseaux sociaux.

Tournée à Strasbourg le 17 juin 2011, alors qu’il n’était encore que le député­maire d’Evry (Essonne), elle montre un Manuel Valls très remonté, répondant visiblement à un public de la communauté juive de France qui venait de mettre en cause la gauche dans ses rapports aux juifs, à la lutte contre l’antisémitisme, à l’islam, à Israël...


Il commence par s’en prendre à Nicolas Sarkozy, « le même Nicolas Sarkozy que beaucoup d’entre vous ont plébiscité... », ­ et ses ambiguïtés vis­-à­-vis des organisations islamistes, notamment dans sa tentative d’organiser « l’islam de France ». Puis il se livre :

« Je ne parle que pour moi : la lutte contre l’antisémitisme, ­je dis ça pour des raisons politiques, historiques, ma famille est profondément liée à Vladimir Jankélevitch qui a écrit le plus beau livre qu’on puisse écrire sur l’imprescriptible et la Shoah ; par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël, quand même... » [c'est nous qui soulignons]
Cette vidéo a beaucoup tourné, notamment lorsque Manuel Valls s’est élevé contre Dieudonné en décembre dernier, comme « preuve » aux yeux des partisans de l’« humoriste » de son engagement au côté du « sionisme ». 

« Il assume pleinement ses propos »

Le site Arrêt sur images avait rapporté en novembre 2012 que cette déclaration avait été jugée suffisamment « embarrassante » pour que la radio Judaïca Strasbourg, qui avait organisé la rencontre et avait tourné la vidéo, la retire de son site et demande à YouTube et DailyMotion de la retirer également – sans grand succès. Le directeur de la station, Patrick Cohen, explique alors :

« Manuel Valls avait changé de statut entre-­temps. Et cela me gênait car il répondait à une question du public qui accusait le PS d’être anti­juif. Il s’emporte un peu dans sa réponse. Mais dans la vidéo, on ne voit pas le contexte. »

 A l’inauguration de la grande synagogue de Mulhouse, le 2 septembre 2012 (Philippe Sautier/SIPA)

Cette suppression a­-t-­elle été effectuée à la demande de Valls ? « Pas du tout », assure Cohen. « Nous avons été en contact avec le cabinet de Manuel Valls. Il assume pleinement ses propos. »

Manuel Valls n’a pas toujours été un inconditionnel d’Israël : en 2004, il avait été l’un des premiers signataires d’un texte qui a fait polémique au sein du PS, et dont il disait lui-même qu’il portait « un regard sévère sur le gouvernement Sharon ». Son « regard » a visiblement changé depuis. Cliquer ici 

Retour aux déclarations de Roland Dumas

Libération ne peut évidemment pas ignorer ces propos de Manuel Valls. Il ne peut ignorer qu'ils traduisent, chez le pourfendeur autoproclamé de tout communautarisme (en fait surtout s'il est islamique) un soutien, datant d'avant sa nomination au gouvernement (mais, nous dit Patrick Cohen, toujours  assumé), à ce communautarisme que tentent de développer les soutiens d'Israël parmi les Juifs de France ! Un soutien donc à un communautarisme juif ouvertement sioniste, qui l'a amené, en tant que premier ministre, à couvrir les massacres perpétrés à Gaza l'été dernier. Par la "mobilisation", en réaction en chaîne, de son rapport personnel à sa femme, elle-même présentée comme en appui à la politique de l'Etat d'Israël, par l'association comme nécessaire-naturelle de la "communauté juive" à cet Etat, et enfin par le stupéfiant recours à la notion d'éternité qui scelle, dans le hors temps de la politique, ce qui est son allégeance à ceux-ci, les juifs communautarisés et "leur" Etat, Manuel Valls fait apparaître que Roland Dumas est en réalité d'une extraordinaire sobriété dans ce qu'il énonce. On peut même penser que c'est cet excès de sobriété, en particulier l'oubli de rappeler que ledit Valls a donné les mêmes clés de compréhension de son positionnement que celles qu'en donne Roland Dumas, qui donne à Libération l'occasion d'instruire ici, par un colossal mensonge par omission, un procès en antisémitisme tronqué de la part de philosémitisme sionisé qui nourrit celui-ci. Avec le même savoir-faire de biais que le CRIF et les officines proIsraël qui traquent ou ont traqué les antisionistes comme Hessel, Morin ou Mermet, en les soumettant, contre l'évidence de leurs engagements antiracistes, à l'opprobre d'être déclarés antisémites ! (1) On savait la déontologie de Libération assez problématique. Elle atteint un sommet d'ignominie dans ce "papier" qui rajoute de façon irresponsable de la tension et des chausse-trapes dans le contexte "tétanisé" de l'horrible massacre chez Charlie et à l'Hyper Casher ! Et qui est un encouragement adressé à Valls à chasser toujours plus à droite, voire à l'extrême droite, en brandissant ce communautarisme (juif) anticommunautariste (islamique ou rom) qui participe d'un désastreux deux poids, deux mesures et d'une intolérable duplicité. Véritables ingrédients des haines recuites, en particulier antisémites !

Antoine
 
(1) Soyons clairs : Roland Dumas n'est ni Hessel, ni Morin, ni Mermet. Ses paroles flirtent avec la rhétorique antisémite du contrôle du monde en sous-main par les Juifs mais ce constat doit aller jusqu'au bout de la logique inscrite dans le jeu des duettistes qui font cette "affaire". Et, au lieu d'opposer, comme fait Libération, la vertu (Valls) à l'infamie (Dumas), nous devons prendre en compte que ce jeu est un jeu de miroir d'où il se dégage que l'antisémite s'autorise littéralement (dans le paradoxe de l'avoir oublié) de la revendication communautariste du philosémite sioniste ! Revendication, qui plus est, qui se donne à voir désormais comme tirant sa force et construisant ainsi un coup de force, depuis la tête même de l'Etat, contre l'idée convenue que celui-ci serait l'Etat de tous ! 

Texte modifié le 17 février à 0h57. 

 Rony Brauman évoque les déclarations de Dumas en les rapportant aux propos de Valls sur sa fidélité aux Juifs et à Israël (voir à partir de 06:03)


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Nous invitons nos lecteurs à lire régulièrement ce que publie sur son site l'UJFP, L'Union Juive Française pour la Paix : on trouvera là un salutaire antidote, élaboré par des Juifs rejetant l'appel à ce communautarisme juif hystérisé, aux inadmissibles procédés dans lesquels s'inscrit Libération. 

 C’est un refrain bien établi. Vous critiquez Israël et le sionisme ? Vous êtes antisémite ! Un Juif français veut pouvoir « vivre son judaïsme » ? On l’invite à faire son « alyah » et à apporter sa pierre à la colonisation de la Palestine.
On essaie de nous marteler que l’histoire des Juifs s’est achevée et qu’Israël en est l’aboutissement. Israël fonctionne comme un effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives. La politique israélienne n’est pas seulement criminelle contre le peuple palestinien. Elle se prétend l’héritière de l’histoire juive alors qu’elle la travestit et la trahit. Elle met sciemment en danger les Juifs, où qu’ils se trouvent. Et elle les transforme en robots sommés de justifier l’injustifiable. Cliquer ici

Et aussi

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 Dans Sur un nouveau moment antisémite. « Jour de colère » (Fayard), le sociologue Pierre Birnbaum décrypte l’explosion de haine conjuguée lors d’une effroyable manifestation parisienne, en janvier 2014. Rencontre avec un analyste de notre malheur politique... La manifestation dite « Jour de colère », le 26 janvier 2014 à Paris, relève de ces événements dont l’observateur attentif convient, d’emblée, qu’ils appartiennent à l’Histoire. Mediapart ne s’y était pas trompé, qui en offrait un compte rendu effrayant [1], au soir de ce dimanche plein de bruit fascisant et de fureur raciste. Cliquer ici

[1] « Jour de colère » le 26 janvier 2014 : Ultras, racistes et xénophobes défilent à Paris


 


NPA 34, NPA