Voudrait-on
escamoter des choses qui affaibliraient la charge islamophobe que
certains aimeraient continuer à placer dans ces attentats et leurs
retombées ? On se calme, il ne s'agit que d'une question...
Lire après l'entrevue du Parisien A mon avis : par quel hasard malencontreux serait écarté de l'enquête ce qui attesterait que l'islamisme terroriste ne serait pas le dernier mot des attentats ?
La dernière compagne de Charb, Valérie M., sort de l'ombre pour se livrer à des confidences troublantes, révélant des possibles liens entre le directeur de « Charlie Hebdo » et de riches dignitaires du Proche-Orient. […]
A l'automne 2014, la santé financière du journal était catastrophique. Charb me disait qu'il devait trouver 200 000 € avant la fin de l'année pour ne pas fermer boutique en 2015. Les appels aux dons n'avaient pas suffi à redresser les comptes. Il s'est mis à chercher des fonds un peu partout, sans trop en parler à ses copains de « Charlie » parce qu'ils ne voulaient pas les inquiéter. Dans cette quête, il a été mis en relation avec beaucoup de personnes différentes, parmi lesquels des hommes d'affaires, notamment du Proche-Orient, avec qui il passait des soirées. […] Cliquer ici
A
mon avis
Par quel hasard malencontreux serait écarté de l'enquête ce
qui attesterait que l'islamisme terroriste ne serait pas le dernier mot
des attentats ?
Restons prudents. Après tout rien ne dit qu'on ne découvrira pas que Valérie M. fait dans l'affabulation personnelle ou que, même, elle est partie prenante d'une vaste intox dont il resterait à voir les tenants et les aboutissants. Mais rien ne permet, non plus, de laisser sans suite, sans investigation ce qu'elle pointe comme "anomalies" : une intrusion dans le logement du dessinateur quelques jours après sa mort et la disparition qui s'en est suivie de divers objets, en particulier de l'ordinateur personnel. Mais surtout peut-être la volonté de l'enquête de ne pas aller vérifier ce que souligne l'ex compagne de Charb en lien avec des contacts de celui-ci avec de potentiels financeurs moyen-orientaux d'un canard qui était au bord de déposer le bilan.
Etonnant
tout de même et nous en saurons probablement plus dans quelques temps
du côté d'une juge que nous voyons mal laisser peser le soupçon sur le
peu de diligence avec laquelle elle instruit l'affaire.
Dans
l'immédiat relevons ce qui, avec les réserves d'usage sur ce que l'on
croit savoir dans une enquête en cours, pourrait avoir trait à la
campagne de diabolisation des musulmans que certains, et pas seulement à
l'extrême droite, ont essayé d'instaurer en profitant de l'émotion
soulevée par les attentats : en particulier par les injonctions faites
aux dits musulmans de se "blanchir" en condamnant l'horreur antiCharlie
et antiHyper Casher ou encore par les tracasseries subies par
ceux/celles qui, à l'école ou sur la voie publique, estimaient ne pas
avoir à s'associer aux commémorations Charlie. Comme s'il y avait une
présomption de culpabilité collective, du seul fait d'être musulman,
pour ce que les frères Kouachi et Coulibaly avaient commis ! Misère
essentialisante de ce qu'il faut bien appeler islamophobie, laquelle est
sécrétée, plus ou moins ouvertement, depuis un Etat (n'est-ce pas Valls
?), décidément mal guéri de son colonialisme passé croisé (sic) avec la
culture, popularisée depuis le néoconservatisme US, du "choc des
civilisations".
Exagération ? Complotisme ? On reconnaîtra là les habituels mécanismes de défense de ceux/celles qui n'apprécient pas, parfois ne s'avouent pas (surtout s'ils/elles sont de gauche), que l'on nomme par son nom ce qu'ils projettent de dévalorisant et stigmatisant sur des musulmans dont pourtant la caractéristique indiscutable est que, dans leur immense majorité ils ne sont pas communautaristes (cf Olivier Roy), accommodent leur croyance aux règles de la laïcité en vigueur et n'ont aucune conception conquérante de leur foi !
Tenons-nous
en donc ici aux propos de Valérie M. ponctuant son étonnement que ni la
justice ni la police ne soient diligentes à vérifier ses remarques : "On
ne peut pas se contenter de la seule thèse du terrorisme
islamiste". Et interrogeons : est-il seulement imaginable que, dans
cette enquête, on écarte d'emblée ce qui pourrait affaiblir ce fantasme
que les attentats de janvier prouveraient que nous sommes, nous tous, la
France, l'Europe, le monde, sous la menace d'une massive opération
terroriste islamiste, tête de pont, pour certains, de l'islamisation
rampante de nos sociétés (mythe de l'Eurabia), venant porter le coup de
grâce à nos "valeurs" démocratiques, égalitaires, blabla. Avec la
conséquence que ces "négligences" de l'enquête et de l'instruction et la
montée en puissance de l'islamophobie, sont pain bénit (!) pour cliver
dans la population en faisant diversion sur les vrais enjeux politiques
et pour asseoir un consentement large à la culture hypersécuritaire de
nos gouvernants, si utile pour prévenir tout réchauffement d'un front
social soumis à une violente austérité ou encore pour neutraliser le
mécontentement qui monte dans les quartiers populaires ?
A suivre de près ...
Antoine
Note : Valérie M
souligne la crise financière que connaissait Charlie. Cela venait de
loin et une analyste comme Mona Chollet, parmi d'autres, avait pointé en
2006 que la persistance de ce canard à cibler Mahomet et les
islamistes, pouvait être un excellent moyen de renflouer les caisses. En
assumant qu'il fallait surfer sur la vague islamophobe qui montait, en
particulier dans un lectorat de gauche qui n'avait plus rien à voir avec
celui libertaire des premières années :
"S’étant peu à peu aliéné son lectorat d’origine, et ayant vu ses ventes baisser dangereusement, Charlie Hebdo
en est désormais réduit, pour exister, à multiplier les coups de pub
aussi lucratifs qu’insignifiants et à développer le « cobranding » [Le cobranding est un partenariat de marques entre 2 ou plusieurs
fournisseurs dans le cadre d'une opération commerciale ou publicitaire.] tous
azimuts. Après d’innombrables tentatives infructueuses pour créer un
« buzz » médiatique autour du journal, comme en témoignaient semaine
après semaine les titres d’un sensationnalisme maladroit étalés dans
l’encart publicitaire de Libération, avec les caricatures
danoises, enfin ! ça a pris. Le créneau ultra-vendeur de l’islamophobie,
sur lequel surfe déjà sans vergogne l’écrasante majorité des médias,
permet de copiner avec les puissants et de flatter les plus bas
instincts des masses tout en se prenant pour Jean Moulin : bref, c’est
idéal. Sauf que, en s’y précipitant comme sur une aubaine, le journal
achève sa lente dérive vers un marécage idéologique dont la fétidité
chatouille de plus en plus les narines.
Dans son éditorial de ce fameux numéro publiant les caricatures danoises, Philippe Val écrit doctement que « le racisme s’exprime quand on rejette sur toute une communauté ce que l’on reproche à l’un des membres » (ce qui lui permet de conclure que « quand un dessinateur danois caricature Mahomet et que dans tout le Moyen-Orient, la chasse aux Danois est ouverte, on se retrouve face à un phénomène raciste comparable aux pogroms et aux ratonnades »). Or, « rejeter sur toute une communauté ce que l’on reproche à l’un des membres », c’est exactement ce que fait le dessin danois représentant Mahomet avec un turban en forme de bombe. Par une amère ironie du sort, Charlie Hebdo, ancien journal du combat antiraciste, a donc érigé en symbole de la liberté d’expression une caricature raciste. Dans le Monde diplomatique de ce mois, Alain Gresh cite le journaliste Martin Burcharth : « Nous, Danois, sommes devenus de plus en plus xénophobes. La publication des caricatures a peu de relations avec la volonté de voir émerger un débat sur l’autocensure et la liberté d’expression. Elle ne peut être comprise que dans le climat d’hostilité prégnante à tout ce qui est musulman chez nous. » Il précise aussi que le quotidien conservateur Jyllands-Posten, qui a fait paraître les caricatures de Mahomet, « avait refusé, il y a quelques années, de publier une caricature montrant le Christ, avec les épines de sa couronne transformées en bombes, s’attaquant à des cliniques pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ». Et c’est dans ce journal-là que Charlie Hebdo vient de publier la version anglaise de son « manifeste » !" Texte complet à retrouver ici
Dans son éditorial de ce fameux numéro publiant les caricatures danoises, Philippe Val écrit doctement que « le racisme s’exprime quand on rejette sur toute une communauté ce que l’on reproche à l’un des membres » (ce qui lui permet de conclure que « quand un dessinateur danois caricature Mahomet et que dans tout le Moyen-Orient, la chasse aux Danois est ouverte, on se retrouve face à un phénomène raciste comparable aux pogroms et aux ratonnades »). Or, « rejeter sur toute une communauté ce que l’on reproche à l’un des membres », c’est exactement ce que fait le dessin danois représentant Mahomet avec un turban en forme de bombe. Par une amère ironie du sort, Charlie Hebdo, ancien journal du combat antiraciste, a donc érigé en symbole de la liberté d’expression une caricature raciste. Dans le Monde diplomatique de ce mois, Alain Gresh cite le journaliste Martin Burcharth : « Nous, Danois, sommes devenus de plus en plus xénophobes. La publication des caricatures a peu de relations avec la volonté de voir émerger un débat sur l’autocensure et la liberté d’expression. Elle ne peut être comprise que dans le climat d’hostilité prégnante à tout ce qui est musulman chez nous. » Il précise aussi que le quotidien conservateur Jyllands-Posten, qui a fait paraître les caricatures de Mahomet, « avait refusé, il y a quelques années, de publier une caricature montrant le Christ, avec les épines de sa couronne transformées en bombes, s’attaquant à des cliniques pratiquant l’interruption volontaire de grossesse ». Et c’est dans ce journal-là que Charlie Hebdo vient de publier la version anglaise de son « manifeste » !" Texte complet à retrouver ici
NPA 34, NPA